Il s'agit pour Trump d'une marque de fabrique, d'une "signature". Pour vendre un livre ou un magazine (1), les éditeurs le représentent tel qu'il veut être représenté. Si le poster de Kitchener devait déjà beaucoup à la publicité, comme Carlo Ginzburg l'a bien montré, que dire de la campagne de Trump ! Le film de Pablo Larraín, No, critique cette façon de faire de la politique, calquée sur ce qui se fait dans la publicité (2). Il s'achève en haut d'une tour qui pourrait être celle de Trump et sur ce constat : tout se vend.
Produits dérivés |
Pourquoi, parmi les milliers de clichés de Trump qui sont mis à sa disposition, la presse choisit-elle de reprendre cette image type ? Comme ici, ici, ici ou ici. Tombe-t-elle dans le panneau ? Pourquoi la rédaction de Valeurs actuelles (pro-Trump) a-t-elle choisi précisément cette image pour cette couverture ? La première image de ce portfolio (ci-dessous) publié sur le site du Monde (anti-Trump) en mars 2016 a-t-elle été sélectionnée au hasard ? Plus rarement, ce même geste est vu sous un autre angle, comme ci-dessous, ou ici, ou ici. L'effet est-il le même ?
Le Monde, 18/02/16
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La Presse, 14/11/15 |
Certains opposants, comme les rappeurs YG et Nipsey Hussle, cherchent à déconstruire cette image. Sur ce photo-montage, on lui "crève" les yeux justement. À la place de l'orbite gauche, on a la bouche ouverte de Trump. On a affaire ici à un trope iconique : une "orbite-bouche" (3). Quel est l'effet produit par l'écart qui existe entre ce que l'on s'attend à trouver à cet endroit (les yeux) et ce que l'on voit ? Pas sûr que cette image qui met en garde contre la dangerosité du personnage touche beaucoup ses admirateurs, qui sont sensibles justement à cette violence qu'il fait sienne dans ses discours et sa gestuelle. Pour lutter contre ce populisme, il faudra trouver autre chose.
Déconstruction |
Notes