Les dimensions culturelles mais aussi ethniques ont été mises en avant, de même que la notion de dialogue interreligeux. Cela s'est fait pour des raisons qui tiennent en grande partie au contexte (guerre dans les Balkans, 11 Septembre, etc.). Il fallait montrer que le Conseil européen jouait sur ces différents tableaux. Il est d'ailleurs significatif que les langues en fassent partie. On l’a vu dans des conflits intraeuropéens, la relation entre le culturel, le linguistique, l'identitaire et le religieux est souvent très fortement nouée.
Le terme de dialogue me paraît un peu trop euphémisant, neutralisant. Très souvent, et cela nous ramène à ces questions de plurilinguismes multiples, ça n’est pas du dialogue mais de la tension, du conflit, du rapport de force, aussi bien au niveau des communautés, qu’au niveau intraindividuel. Les plurilinguismes ne sont pas toujours heureux, vécus sur le mode de la plénitude. Ils peuvent aussi donner lieu à des tensions internes. Toutes ces questions de coopération, de tolérance, de volonté de bienfaisance sont nécessaires à un certain niveau, c’est un message qu’il faut faire passer, mais, en même temps, il faut toujours se rappeler qu’il y a derrière des rapports de force. Louis-Jean Calvet parle de "guerre des langues", de "marché des langues". Il ne s’agit pas de rapports uniquement dialogiques, ou alors, c’est du dialogue qui peut tourner mal dans bien des cas.
Il faut réglementer dans la mesure où il est possible de le faire. Pour le reste, c’est une affaire de recommandations, de proclamations communes. La Charte des langues régionales et minoritaires (1), par exemple, est en plein dans ces questions de plurilinguisme et de multilinguisme. Les pays qui l’acceptent, qui la signent, qui la ratifient, prennent un certain nombre d'engagements quant à ce qu’ils vont faire en matière de protection des minorités, d’affichage dans les services publics, etc. Il y a des visites régulières, des rapports, mais l'on se doit de respecter le principe de subsidiarité des États (2).
Notes