Pour le dire autrement, un chat peut être représenté de multiples façons en peinture. On dira qu'il s'agit d'un chat si ce que l'on voit correspond au minimum à l'idée que l'on se fait de ce qu'est un chat.
Pas toujours si simple. Hérodote, qui s'intéressait déjà à ces questions, se raccroche à ce qu'il connaît : "On range aussi dans la même classe [la classe des oiseaux sacrés] un autre oiseau qu'on appelle phénix. Je ne l'ai vu qu'en peinture ; on le voit rarement ; et, si l'on en croit les Héliopolitains, il ne se montre dans leur pays que tous les cinq cents ans, lorsque son père vient à mourir. S'il ressemble à son portrait, ses ailes sont en partie dorées et en partie rouges, et il est entièrement conforme à l'aigle quant à la figure et à la description détaillée." (2)
Dans Genèse 2, l'homme est appelé à nommer le réel : "Alors Iahvé Élohim forma du sol tout animal des champs et tout oiseau des cieux, il les amena vers l'homme pour voir comment il les appellerait et pour que tout animal vivant ait pour nom celui dont l'homme l'appellerait. L'homme appela donc de leurs noms tous les bestiaux, les oiseaux des cieux, tous les animaux des champs." (3) Les enfants refont cela : "Appelant toute chose, je récitai qu'elle était grande, appelant toute bête, qu'elle était belle et bonne. Ô mes plus grandes fleurs voraces, parmi la feuille rouge, à dévorer tous mes plus beaux insectes verts !" (Saint-John Perse)
Le peintre italien Giorgio Morandi résume assez bien la situation : "Tout ce que nous savons, c’est qu’une tasse est une tasse, qu’un arbre est un arbre." La matière existe mais "elle n’a en soi aucune signification intrinsèque, telle que les significations que nous lui donnons". (4)
Notes