Décrire

Il s'agit de créer, dans un premier temps, des ensembles "organiques et distincts", pour reprendre une formulation de Gombrich (1), à partir de la "masse indifférenciée" que l’on a sous les yeux. Ce temps de lecture est plus ou moins long. Il ne peut être ramené à zéro.

Il faut tenter de se mettre d’accord à la fois sur ce que l’on voit – lorsque le peintre et les élèves, ou les élèves entre eux, ne partagent pas les mêmes codes culturels, c’est d’autant plus difficile – et sur les mots à employer en français.

Ce travail de description est essentiel. Il s’agit d’un travail sur l’image autant que sur la langue. Les élèves peuvent essayer de dresser un inventaire des objets représentés et qu’ils reconnaissent. Ils se rendront assez vite compte que cela ne va pas de soi.

Les élèves peuvent désigner certains objets sans parvenir à les nommer, soit parce qu’ils ne savent pas ce que c’est (ces objets n’entrent pas dans leur champ de connaissance ; il peut s’agir par exemple d’un objet que les élèves ne parviennent pas à identifier, parce qu’il n’est pas ou plus utilisé dans la région du monde où ils vivent), soit parce qu’ils ne parviennent pas à les reconnaître "en peinture" (ils ne font pas le lien entre ce qu’ils voient et l’objet représenté, le référent ; les raisons de cette incompréhension – dans la conversation, on parle de "malentendu" – sont multiples ; le peintre a dessiné une chose, certaines personnes croient voir autre chose), soit enfin parce qu’ils ne savent tout simplement pas les nommer en français.

Note

1. L'art et l'illusion, Gallimard, 1996 (première édition : 1971).