"Il n'est pas exagéré de dire que Twin Peaks est la grande œuvre politique de notre temps", écrit Stéphane Delorme dans son édito. "La fin enfonce un coin dans notre monde et rend le film "réel"", s'enthousiasme-t-il.
Qu'est-ce qu'un film "réel", avec ou sans guillemets, à lire cet édito ? Un film "réel" est un film qui nous donne l'impression "d'y être", et nous pousse à agir "dans le réel" (1).
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La critique de Happy End est signée Joachim Lepastier qui voit le film à l'aune des séries : "Après ses deux Palmes d'or, Michael Haneke se serait-il pris pour un super-héros ?" Palme d'or de la question la plus stupide.
"On est en droit de se le demander tant Happy End tient de la visite du "Haneke cinematic universe". Pas un personnage, pas une situation, pas une scène qui ne soit le prolongement ou le spin-off d'un précédent film du cinéaste. Cette chronique d'une famille de riches industriels calaisiens n'est rien d'autre [ah bon ?] qu'un Septième Continent de luxe, allant encore plus loin dans la déréliction relationnelle (sic) et annonçant dès le premier plan ce qu'il va "cracher" à la figure du spectateur : glaciation générale des affects, tendances suicidaires à tous les âges (qu'on soit gamin ou gâteux) et Alzheimer du patriarche comme métaphore lourdingue du déni occidental face au malheur du monde (2)."
Certes, on est parfaitement en droit de se le demander, mais les personnes touchées par la maladie d'Alzheimer ne sont pas "gâteuses" et le fait d'écrire dans les Cahiers du cinéma n'autorise pas à dire n'importe quoi et à écrire n'importe comment. Joachim Lepastier adopte ce faisant sans s'en rendre compte le point de vue des membres de cette famille sur Georges Laurent (3).
Le critique adopte le point de vue
des membres de cette famille sur Georges Laurent |
Conclusion de ce critique, qui s'était déjà fait remarquer au moment de la sortie d'Amour : "Non content de sentir le best of fatigué, la démonstration se met au service d'un sarcasme malvenu. À l'image précisément du "happy end" faisant débarquer des migrants mutiques en fond de plan (4), au service d'un gag moins malaisant [du verbe malaiser ?] que piteux."
"Aujourd'hui, les critiques ont perdu la capacité à décrire. Ils donnent leur opinion. Or, les opinions sont fatigantes", souligne très justement Michael Haneke (5).
Des cinq critiques des Cahiers qui remplissent le tableau des médailles placardé en dernière page, quatre pensent qu'il est "inutile de se déranger" (6). Le cinquième ne s'est pas "dérangé" (7).
Belle unanimité
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Notes