Il ajoute : "J'avois plus de six ans, avant que j'entendisse non plus de François ou de Perigordin, que d'Arabesque : et sans art, sans livre, sans grammaire ou precepte, sans fouet, et sans larmes, j'avois appris du Latin, tout aussi pur que mon maistre d'escole le sçavoit : car je ne le pouvois avoir meslé ny alteré."
Il choisit pourtant d'écrire en français (notre "moyen français"), plutôt qu'en latin, sa langue "première". Il s'en explique dans les Essais : "J'escris mon livre à peu d'hommes, et à peu d'années. Si ç'eust esté une matiere de durée, il l'eust fallu commettre à un langage plus ferme [le latin]. Selon la variation continuelle, qui a suivy le nostre jusques à cette heure, qui peut esperer que sa forme presente soit en usage, d'icy à cinquante ans ?" Avant d'ajouter : "C'est aux bons et utiles escrits de le clouer à eux (1), et ira son credit selon la fortune de nostre estat." (2)
Déjà, le lien est établi entre la puissance des États et l’usage des langues. L’hégémonie linguistique entraîne, inversement, selon François Grin, qui a publié un rapport sur ces questions en 2005, des transferts au profit des pays dont la langue est en position hégémonique : les montants se chiffrent annuellement en milliards d’euros. (3)
Notes