MB, le 27 mars, 2016 - 20:02
La vérité n'est pas tellement désirable. Plutôt croire ? Comme le pyrrhonisme (douter de tout) ne mène à rien, Montaigne l'a bien compris en écrivant les Essais, Wittgenstein propose au tout début de De la certitude (1) de s'en sortir en adoptant ce principe : "1. Si tu sais que c'est là une main, alors nous t'accordons tout le reste. 2. De ce qu'à moi, ou à tout le monde, il en semble ainsi, il ne s'ensuit pas qu'il en est ainsi. Mais ce que l'on peut fort bien se demander, c'est s'il y a sens à en douter. 3. À quelqu'un qui dirait : "Je ne sais pas s'il y a là une main", on pourrait dire : "Regardes-y de plus près." – Cette possibilité de bâtir sa conviction appartient au jeu de langage ; en est un des traits essentiels." Mais si l'on ne peut pas tout prouver, on n'a pas à accepter les arguments d'autorité, ou de plaisir, note Jacques Bouveresse, dans son dernier ouvrage (2).
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Le Monde, 09/11/16 |
Notes
1. Gallimard, 2006.
2. Nietzsche contre Foucault. Sur la vérité, la connaissance et le pouvoir, Agone, 2016.