Quoi de plus banal en effet que des gens qui vont voir des films pornographiques, c'est-à-dire voir des acteurs en train de s'accoupler ? Mais on oublie trop souvent qu’il n'y a pas deux personnes qui cherchent la même chose dans ces scènes-là. Le phénomène pervers a tendance à globaliser pour nier la spécificité de chaque expérience.
L'image rend service parce qu'elle permet de mettre en place des vécus intimes. En même temps, elle globalise et fait rentrer dans un système de masse qui entraîne et encourage le refoulement. Les adolescents, par exemple, qui regardent ces scènes pornographiques (les mêmes tout le temps) pourraient, dit-on, écluser leur violence de cette façon. C'est vrai dans un sens seulement. Car, quand il y a de vrais problèmes, cela les clôture. Le risque est de fermer à tout jamais l'accès à ces problèmes. Tous les fascismes ont su jouer de l'image globale qui fait que tout le monde est heureux mais en même temps perd son âme, les vraies questions et ce qu'il a de plus intime. Il faut être sensible à ce risque auquel on est aujourd'hui encore confronté.