Amy Foster

Dans cette nouvelle de Joseph Conrad (1), le narrateur relate la vie d'un naufragé réfugié en Angleterre qui ne peut plus communiquer dans sa langue maternelle. Il parle un anglais approximatif.

À la naissance de son fils, il dit avoir hâte de le voir "devenu assez grand pour avoir quelqu’un à qui parler", dans cette langue que les Anglais trouvent "si troublante, si passionnée et si étrange". Mais sa femme déteste cette idée : "Je ne peux pas comprendre ce qu’il lui dit." Une nuit, elle prend peur et s’enfuit avec l’enfant.

"It is difficult to read ‘Amy Foster’, écrit Edward Said, without thinking that Conrad must have feared dying a similar death, inconsolable, alone, talking away in a language no one could understand."

C'est la mort d'Ovide. À Tomes, où il a été envoyé, après avoir été banni, il écrit : "Ciel toujours froid terre brûlée de gel / ce supplice n'est rien comparé à la langue / entendre ce patois ignorant du latin / ces mots grecs maltraités sous les sons du gétique. […] il n'y a personne dans tout le pays / qui puisse dire un mot latin / même pour les choses les plus usuelles." Il meurt en exil en 17. (2)

Notes

1. Conrad Joseph, Nouvelles complètes, Quarto Gallimard, 2003. Lire la nouvelle (en anglais).
2. Ces lettres, qui semblent nous être adressées, ont été récemment retraduites en français par Marie Darrieussecq : Tristes Pontiques, POL, 2008. Ovide finit par apprendre le gète et le sarmate : "Je cherche souvent mes mots dans ma langue natale / à force de ne pas le parler / je perds mon latin."