La guerre

Les faux recourbées sont fondues pour devenir épées rigides.
L'extrait
 
Depuis longtemps déjà, César, le palais céleste nous envie ta présence, et se plaint que tu te soucies de triomphes humains ; car chez les humains la loi divine du juste et de l'injuste est ruinée, tant il y a de guerres par le monde, tant de formes prises par le crime. La charrue n'a plus les honneurs qu'elle mérite (non ullus aratro dignus honos), les champs sont laissés en friche, parce qu'on leur prend les cultivateurs, et les faux recourbées sont fondues pour devenir épées rigides (curvae rigidum falces conflantur in ensem). D'un côté l'Euphrate, de l'autre la Germanie déclenchent la guerre ; des villes voisines, rompant leurs accords, prennent les armes ; Mars impie se déchaîne dans tout l'univers ; ainsi, quand ils se sont échappés de leurs loges, les quadriges prennent de la vitesse ; en vain le cocher raidit les guides ; ses chevaux l'emportent, et l'attelage n'obéit plus aux rênes.
 
(Les Géorgiques, Les Belles Lettres, I, 503-514)

Remarques

Virgile s'adresse à Octave Auguste, le grand imperator, véritable homme providentiel !