Valoriser le plurilinguisme peut contribuer, si l'on n'y prend garde, à neutraliser des différences extrêmement importantes entre des individus plurilingues suivant que leur participation à plusieurs langues et leur maîtrise diversifiée de plusieurs langues est vécu comme un choix véritable ou, au contraire, résulte d’une forme d’imposition ; suivant que ces langues sont des langues valorisées ou des langues plus ou moins dominées.
Les langues qui sont en "contact", dans l’environnement ou chez un même individu, n'ont pas le même poids. C'est la raison pour laquelle il faut veiller à chaque fois à inscrire ces plurilinguismes dans leur contexte.
On pourrait épiloguer sur les critères qui permettent de distinguer les formes de plurilinguismes entre elles. Certains individus n’ont pas le choix, leurs langues premières étant parfaitement insuffisantes pour fonctionner dans l’environnement où ils se trouvent. Ils ont besoin d’autres langues apprises ou acquises. Il y a aussi des critères qui tiennent au statut de ces langues les unes par rapport aux autres et à leur distance linguistique. Il y a des plurilinguismes de voisinage. Le fait d’être plurilingue en langues romanes passe par exemple pour être relativement facilitateur. Mais si l’on est plurilingue avec l’arabe, l’ourdou, l’anglais et encore une autre langue, les différences typologiques sont telles que les problèmes d’apprentissage sont forcément différents. Certaines composantes de ces plurilinguismes peuvent avoir des systèmes graphiques différents, ou pas de système graphique du tout. Parfois, ces langues ne sont pas normées, standardisées, etc.
Tout cela aboutit, pour ceux qui vivent ces plurilinguismes et pour la façon dont ils sont socialement perçus, à des situations extrêmement contrastées. Considérer que cela pourrait rentrer commodément sous un intitulé unique et faire l’objet tout aussi commodément des mêmes modes de valorisation, relève à la limite du tour de passe passe.
Notes