Il s’agit avant tout d’un débat méthodologique. Il est vrai que l’on a parfois fait comme si les élèves n’avaient pas de langue maternelle, ou comme si elle était non pertinente dans la classe de langue étrangère. Au XIXe siècle, on utilisait des méthodologies "directes" – dans d’autres contextes on parlera d’"immersion". Ceux qui les utilisaient savaient pertinemment que les élèves avaient une langue maternelle mais ils pensaient que pour leur faire acquérir des langues étrangères, la meilleure méthode était de suspendre ou de mettre entre parenthèses ce rapport qu’ils entretenaient avec leur langue maternelle. Aujourd’hui, il semble banal de dire qu’il faut tenir compte de la langue maternelle, en intégrant éventuellement des éléments de connaissance de cette langue dans l’apprentissage de la langue étrangère. Au bout de ce processus, on retrouve la didactique "intégrée" ou "convergente" des langues.
L’un des axes de recherche, sur lequel on a beaucoup écrit, est de savoir comment recourir à la langue maternelle dans la classe de langue étrangère, l’autre porte sur le fait de fonder son enseignement sur la prise en compte réelle des deux langues en même temps. Il existe des outils pour cela, la linguistique contrastive en fait notamment partie.
Tous ceux qui pensent qu’il faut de la distance critique pour acquérir une certaine compétence dans une langue étrangère, qui optent pour une orientation métalinguistique, réflexive, sont partisans par définition de la prise en compte de la langue maternelle – ils ne peuvent pas faire comme si l’individu n’avait pas déjà découvert le langage à travers sa langue maternelle. En classe de FLE, comment s’opère ensuite cette "prise en compte" ? Cela peut aller du simple fait d’y recourir ponctuellement jusqu’à la construction d’une progression reposant sur toute une méthodologie d’enseignement fondée sur les deux langues.