Nous risquons d’avoir vis-à-vis du monde toujours un regard de téléspectateur, nous avons été habitués à cela par une technologie à laquelle nous n’avons pas été formés et au déchiffrement de laquelle nous n’avons pas été éduqués. Pour certains touristes qui se promènent dans le monde entier derrière leur caméscope ou leur appareil de photographie, le plus important semble être de fixer les images et non pas de regarder. Cela correspond à un besoin réel de fabriquer des images que nous avons aujourd’hui et qui est dans l’histoire du monde assez nouveau à cette échelle.
Entre les images que nous recevons et celles que nous fabriquons, l’idée du face à face, du corps à corps, du contact, ne risque-t-elle pas de s’émousser ? Sans vouloir donner du monde une vision trop apocalyptique ni réduire l’histoire des hommes à celle des technologies, on peut s’interroger, d’autant plus que dans tous les phénomènes de domination ou de colonisation de milieu, il y a toujours eu de la part de ceux qui menaient sérieusement ces entreprises une volonté de coloniser les imaginations et de changer les imaginaires (on ne peut vraiment dominer les choses qu’ainsi).