Le saint des saints

About 2,500 people visit Liangjiahe each day, People’s Daily reported, and many of them are ferried in on minibuses after paying a $3 ticket. (I was allowed to look around only after registering at the village police station, and was accompanied by a guard who whispered to villagers not to say anything.)

"Visitors are given a carefully airbrushed version of China’s recent history. The propaganda about Mr. Xi’s time here offers only hints of the ferocity of the Cultural Revolution that drove him and the other sent-down youth to villages like Liangjiahe in the first place. Mr. Xi has demanded reverence for Mao and banned historians from exploring dark episodes of starvation and persecution that could tarnish the party’s image.

Turning a leader’s former home into a tableau for propagating his political-creation myth has a venerable precedent in the People’s Republic. Back in the 1960s, Mao’s birthplace, Shaoshan, was turned into a secular shrine for slogan-chanting Red Guards who looked on modern China’s founder as a nearly godlike figure."

"Il allait de soi que le saint du saint de tous les saints était la petite maison de pierres erratiques qui avait vu naître Abi. La masure était la plus pitoyable de la création mais les miracles qui s'y produisaient étaient bien au-dessus de l'extraordinaire. Il n'était pas un Abistanais qui n'eût pas chez lui une reproduction de la sainte demeure ; elle était en papier mâché, en bois, en jade ou en or, mais toutes disaient le même amour pour Abi. Personne ne le signalait, les gens ne l'avaient pas remarqué, mais toutes les onze années ladite maisonnette changeait de lieu, cela en vertu d'une disposition secrète de la Juste Fraternité qui organisait la rotation du prestigieux monument par souci d'équité entre les soixante provinces de l'Abistan. On ne le savait pas davantage mais un programme, l'un des plus discrets de l'Appareil, préparait longtemps à l'avance le site de réception et formait les riverains à leur rôle de futurs témoins historiques, qui auraient à apprendre aux pèlerins ce que représentait pour eux de vivre dans le voisinage d'une chaumière unique dans l'univers. Les pénitents le leur rendaient bien, ils ne lésinaient pas sur les acclamations, les larmes et les petits cadeaux. La communion était totale. Sans témoins pour la raconter, l'Histoire n'existe pas, quelqu'un doit amorcer le récit pour que d'autres le terminent."

2084. La fin du monde, Boualem Sansal, Gallimard, 2015 ; "Chinese Village Where Xi Jinping Fled Is Now a Monument to His Power", The New York Times, 8/10/17.