Rien de bon pour l'homme

C'est à un homme qui n'y a pas travaillé qu'il donnera sa part.
L'extrait
 
J'en suis venu à me décourager
pour tout le travail que j'ai fait sous le soleil.
 
En effet, voici un homme qui a fait son travail
avec sagesse, science et succès :
C'est à un homme qui n'y a pas travaillé
qu'il donnera sa part.
Cela aussi est vanité et grand mal.
 
Oui, que reste-t-il pour cet homme
de tout son travail et de tout l'effort personnel
qu'il aura fait, lui, sous le soleil ?
 
Tous ses jours, en effet, ne sont que douleur,
et son occupation n'est qu'affliction ;
même la nuit, son cœur est sans repos :
cela aussi est vanité.
 
Rien de bon pour l'homme, sinon de manger et de boire,
de goûter le bonheur dans son travail.
 
(Qohéleth, TOB, 2, 20-24)

Remarques

Dans ce passage du livre de Qohéleth (troisième siècle av. J.-C.), on insiste sur la pénibilité du travail et la frustration qu'entraîne le fait de travailler pour quelqu'un d'autre. En Genèse 1, l'homme cultive le jardin de Dieu. La question de son assujettissement ne se pose pas vraiment. Il est le serviteur de Dieu et il l'accepte. Ici, l'homme ressent le fait d'être exploité.

Qohéleth livre sa vision pessimiste de la vie : il faut profiter de ce que l'on a.

Des œuvres contemporaines reprennent ce thème. Voir le film de Luchino Visconti La Terra trema (1948), tourné en dialecte sicilien. "Désormais, je travaille pour moi", s'exclame le personnage, Antonio Velastro, avant de connaître l'infortune.