"L'addiction aux jeux vidéo, pas si forte que ça. Seul un ado sur dix en aurait un usage problématique, notamment les garçons."
"Dans une enquête du programme d'étude sur les liens et les impacts des écrans sur les adolescents scolarisés, huit jeunes sur dix disent jouer beaucoup, au moins une fois par semaine, mais seuls 14 % d'entre eux en subissent les conséquences : un sentiment de manque, une modification de l'humeur, un conflit avec les proches. En précisant que la plupart des collégiens ont, quand même, déjà joué à des jeux déconseillés aux mineurs." (1)
Cette brève de France inter est conforme à ce que l'on peut lire, par exemple, sur le site Génération Nouvelles Technologies, qui est, comme son nom l'indique, de parti pris : "14 %, cela reste bel et bien une minorité." (2) Pourquoi éprouvent-ils le besoin ici de le préciser ?
Cette enquête a été réalisée au cours de l'année scolaire 2013-2014 dans quinze établissements du secondaire de la région parisienne. (3) "Sur un échantillon de 1 693 joueurs hebdomadaires, 14 % (soit 234 élèves) sont en situation d'usage problématique du jeu vidéo. Cette minorité a répondu "parfois", "souvent" ou "très souvent" à au moins quatre critères d'addiction déterminés par les questions ci-dessous." (4)
En 2011, une enquête sociologique, financée par la Commission européenne, menée dans 25 pays auprès de 25 142 internautes européens âgés de 9 à 16 ans, avait montré que "la plupart des dangers associés à Internet pour les plus jeunes étaient généralement surestimés". Elle reprenait ces chiffres du CNRS : "Les jeunes qui ont été perturbés par un problème sur Internet sont une petite minorité : seulement (sic) 8 % des 9-16 ans en France, et 12 % au niveau européen". (5)
Le psychanalyste Gérard Bonnet, qui reçoit ces jeunes en consultation, pense qu'il y a au contraire "péril en la demeure". Il l'a écrit dans un livre publié en 2003 : Défi à la pudeur (Albin Michel). 10 ans après, on en est toujours au même point. Il est plus facile et moins culpabilisant de relativiser que de s'attaquer au problème. Que fait-on de cette "minorité", comme ils disent ? L'enfance est une période fantastique de la vie, saccagée par ces pratiques intrusives.
Notes
1. Précision utile, en effet… "Un ado sur dix" ou 14 % ? France inter, le 17/12/14 ("Inter treize").
3. Plus de 2 000 élèves allant de la quatrième à la première ont répondu. Et avant la quatrième ? Cette
étude a été financée par l'Agence régionale de santé d'Ile-de-
France et le ministère de la Santé et réalisée sous la responsabilité scientifique de l'Observatoire français des drogues et des toxicomanies (OFDT) et la consultation jeunes consommateurs (CJC) du
centre Pierre-Nicole de la Croix Rouge. Source : "
Un ado sur huit aurait un usage problématique des jeux vidéo",
Le Monde, 17/12/14. Extrait : "Avec plus de 11 écrans à domicile, les adolescents franciliens de cet échantillon sont suréquipés. 84 % d’entre eux ont une console de
jeux, et 74 % une tablette. Les trois quarts des lycéens (60 % des collégiens) ont un ordinateur dans leur chambre. […] Le temps passé devant un écran "atteint parfois cinq à six heures quotidiennes, y compris en semaine", souligne l’enquête. […] Dès le collège, plus de huit garçons sur dix ont déjà joué à un jeu classé PEGI 18 (système européen d’information), c’est-à-dire déconseillé aux mineurs, comme par exemple Grand Theft Auto (GTA V), Call of Duty, et Assassin’s creed." Plus loin : ""Mais attention, un ado qui joue deux heures par jour, bien content que ça embête ses parents, n’est pas dans un usage problématique. Il ne faut s’inquiéter que lorsqu’il commence à y avoir une rupture des liens sociaux", tempère le psychologue Michael Stora, cofondateur de l'Observatoire des mondes numériques en sciences humaines. "La nature des jeux est également cruciale, les jeux éducatifs et les "serious games" peuvent aussi constituer de véritables alternatives aux méthodes d’apprentissage classiques", indique François Beck." Un ado qui joue deux heures par jour n'est pas dans un usage problématique…
4. "Jeux vidéo : un usage problématique pour un ado sur huit", op. cit. C'est moi qui souligne. Ceux qui ont répondu à au moins trois critères d'addiction ne sont pas présumés avoir de problème.