Il n’y a jamais de rapport purement individuel à l’image. Aujourd’hui, nous avons le sentiment (Emile Durkheim en parlait déjà au début du siècle) que les grandes institutions comme l’État, l’École, les partis politiques et les syndicats donnent moins de sens et de cohérence à la vie individuelle et à la relation sociale. Cette démobilisation aboutit à une espèce de crise institutionnelle avec rupture du lien entre individu et institution. D’un autre côté, se dessine un rapport individuel plus flou et plus libre au monde, auquel le déferlement d’images apporte une sorte de satisfaction. L’accélération liée aux progrès techniques trouve son aspect le plus spectaculaire avec les technologies de l’image. La télévision est une ouverture sur le monde sur petit écran. Quand il y avait une seule chaîne, on pouvait s’inquiéter du rôle de douce tyrannie que la télévision pouvait jouer en conditionnant les consommateurs (et les citoyens dans le pire des cas). Bien que cet aspect des choses soit toujours opérant dans la mesure où certaines chaînes sont regardées plus que d’autres, notamment pour les informations, la multiplication des chaînes et des réseaux semble devoir à terme en atténuer l’effet (pour autant qu’une idéologie ne se dégage pas de cette multiplicité de choix apparente). Nous avons donc une vision à la fois généralisée et morcelée de l’univers et du monde. C’est le régime du flash, que la possibilité de zapper accentue encore. La diversité des programmes renforce également cette vision par éclairs que nous pouvons avoir de la réalité.