Pour 240 000 $, vous avez un bébé, garçon ou fille, au choix, avec votre ADN. Les mères porteuses, qui ont déjà eu des enfants de préférence, sont placées à l'isolement, sous surveillance, pendant tout le temps de la grossesse. Elles n'ont pas le droit de voir leur famille et leurs enfants. Elles leur cacheront la vérité. La compagnie emploie des femmes pour leur rendre visite tous les jours afin de s'assurer qu'elles ne s'attachent pas à l'enfant qu'elles portent. M. Huang, qui est à la tête de cette "entreprise", précise : "Nos agents leur disent tous les jours que ça n'est pas leur bébé." On dira que c'est pour leur bien… ou l'on parlera de lavage de cerveau, c'est selon. Une femme témoigne : "J'ai hâte que ça se termine. Je pourrai enfin rentrer chez moi. Après tout, ça n'est pas mon enfant."
Cela en fait des "mères mortes", au sens où André Green l'entendait, mais mécaniquement, contractuellement, à moins de supposer qu'il ne se passe rien pendant le temps long de la gestation (2).
"Il n'est peut-être pas inutile de rappeler qu'une femme est un être humain", écrit Sylviane Agacinski, dans Corps en miettes (3).
Notes