Comparer

Harald Weinrich, dans sa Grammaire textuelle du français, propose de classer les adverbes de comparaison selon trois degrés : les degrés comparatif, superlatif et normatif. Le locuteur se sert de ces adverbes quand il perçoit que ce que l’on attend de lui ne correspond pas exactement à ce qu’il a l’intention de dire. Au restaurant, chez des amis, on ne répond pas de la même façon.

Les adverbes de comparaison du degré comparatif (plus, davantage, moins) corrigent en hausse ou en baisse l’attente inadéquate par une nouvelle estimation.

Attente Correction
c'est très bon ce plat est moins bon (qu’attendu, qu’espéré), assez bon
ça n’est pas bon ce plat est meilleur, je l’aime davantage (que le plat précédent)
   

Quand on utilise les formes "plus … que …" et "moins … que …", la comparaison entre l’attente de l’auditeur et l’énoncé du locuteur est explicite. Quand les attentes se recoupent, on se sert pour les verbes de la forme autant et pour les adjectifs et les adverbes de la forme aussi. Attente : ce plat est délicieux, est-ce que vous l’aimez autant que cet autre plat ? Correction : oui, je l’aime autant / je pense qu’il est aussi bon que cet autre plat.

Le degré superlatif augmente ou diminue une attente déjà renforcée ou atténuée : "Ce plat est de loin le plus réussi", "Ce plat est le moins réussi", "C’est un des plats les plus délicieux", "C’est un des pires plats que j’aie jamais mangés", etc.

Enfin, le degré normatif des adverbes de comparaison corrige une attente inadéquate par rapport à une norme : "Ce plat est trop cuit ou trop peu cuit." On juge souvent de la valeur d’un plat en fonction de l’idée que l’on se fait de ce plat, de la façon dont il doit être préparé et servi. On a tous des plats qui nous servent de références. Claude Lévi-Strauss a montré dans les Mythologiques que le goût pouvait varier fortement d’une culture à l’autre. Où placer la limite entre le cuit et le trop cuit, le brûlé ?